Rencontres - Portraits gravés
Les faits d’actualité à propos des migrants à Nantes en 2018 (avec l’évacuation de 400 personnes qui vivaient sur le parc Daviais, les gymnases et hôtels réhabilités dans l’urgence en logements de fortune) m’ont fait prendre conscience d’une réalité que je ne connaissais qu’à travers les médias. J’ai alors commencé à nourrir mon travail artistique d’une réflexion sur le phénomène de l’invisibilité sociale. Cela m’a ainsi amené à me rendre sur le terrain.
Sensible à la cause des personnes en situation d’exil à Nantes, je me suis donc engagé comme bénévole dans les associations telles que L’ Autre Cantine et Le logis St Jean. Ces deux associations très actives sur Nantes accueillent les exilés de différentes nationalités : guinéens, soudanais et algériens... Elles préparent et distribuent environ 300 à 600 repas par jour grâce à des dons de nourriture. J’ai pu participer à la préparation des repas et proposer des ateliers de dessin que j'animais sur des temps d'accueil plus calme.
Le bouillonnement de vie de ce lieu, le climat d’urgence et le fort engagement des bénévoles m’ont amené à en faire des portraits en gravure.
La tête comme une coquille ou une cage, dans laquelle l’âme se loge et cherche à s’en échapper à travers la fenêtre des yeux. Cette sensation qu’exprimait Michel Foucault dans sa réflexion sur Le corps utopique m’a inspiré dans ma recherche graphique sur le portrait. Plongés dans un environnement silencieux, les visages immobiles semblent se faire l’écho de luttes intérieures.
Cette série de portraits a été gravée sur du cuivre et les tirages ont été imprimés sur une presse taille-douce au Musée de l’Imprimerie de Nantes.